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Un incendie, des agents sous-équipés et une polémique sur les salaires
Une vidéo diffusée sur TikTok par @indignezvous4 a récemment mis en lumière une belle intervention d’agents de sécurité incendie sur un site Seveso seuil haut à Bagneaux-sur-Loing. Ce type d’installation, classée pour ses risques industriels majeurs, exige des protocoles de sécurité stricts. Pourtant, les images montrent des agents intervenant sans équipements adéquats, alimentant une vague de critiques sur leur formation, leurs conditions de travail et leur rémunération.
Des agents sous-équipés face au risque
Dans la vidéo, les agents de sécurité incendie, employés par Securitas France, interviennent sur un feu sans appareils respiratoires isolants (ARI), sans casques, et dans des conditions qui laissent perplexes de nombreuses personnes. Un internaute, samalex72250, souligne : « Pas d’ARI, pas de casque… », tandis que Frédéric, SSIAP2 sur un site similaire, déclare : « Nous n’intervenons jamais sur un feu réel sans renfort du personnel client formé et sans appel aux pompiers. »
Cette séquence questionne les procédures suivies par les agents. L’absence de protections adaptées face aux fumées toxiques d’un incendie sur un site industriel est un véritable risque. D’ailleurs, olivierprincep rappelle dans un commentaire : « Attaque du feu dans les fumées sans ARI… Pas trop bon pour les poumons (particules fines = cancer). »
Des salaires en dessous des normes ?
Au-delà des conditions d’intervention, la vidéo dénonce aussi la rémunération des chefs d’équipe. Selon le créateur de la vidéo, ceux-ci seraient payés au coefficient 160, alors que la convention collective fixe un minimum de 180-200 pour des postes équivalents sur des sites à hauts risques.
Cette accusation rejoint un problème récurrent dans le secteur de la sécurité privée : des salaires souvent tirés vers le bas par la logique des appels d’offres. Un internaute, atalian07, explique : « Pourquoi sommes-nous mal payés ? Les appels d’offres prennent le moins cher et le patron doit récupérer l’argent économisé. Les clients devraient payer le prix demandé pour que les agents soient rémunérés correctement. »
D’autres vont plus loin, remettant en question le modèle économique de Securitas. Anthony AP commente : « Vu la nouvelle politique de Securitas et leur cher PDG… Ils vont perdre énormément de clients, car ils ne risquent pas d’augmenter les salaires des agents. »
Securitas face à la polémique : une rémunération vraiment en dessous des normes ?
La vidéo TikTok publiée par @indignezvous4 dénonçant la rémunération des chefs d’équipe en sécurité incendie sur un site Seveso seuil haut à Bagneaux-sur-Loing continue de faire réagir. Le créateur affirme que ces professionnels seraient payés au coefficient 160, alors que la convention collective exigerait 180 ou 200. Mais cette affirmation résiste-t-elle à l’examen des chiffres ?
Des salaires bien encadrés par la convention collective
La grille officielle des salaires dans la sécurité privée industrielle démontre que :
- Un chef d’équipe de prévention incendie industriel est classé AM 150 à AM 170 avec un salaire brut allant de 2 173,44 € (coef. 150) à 2 413,36 € (coef. 170).
- Pour un équipier d’intervention incendie industriel, le coefficient 150 s’applique, avec une rémunération de 1 983,78 € brut/mois.
- Un chef d’équipe débutant pourrait être au coefficient 160 avec un salaire de 2 293,55 € brut/mois.
Si les agents mentionnés dans la vidéo perçoivent effectivement un salaire basé sur le coefficient 160, cela reste conforme à la grille de la convention collective et ne constitue pas nécessairement une anomalie. Le chiffre avancé par le vidéaste (180-200) semble donc erroné ou exagéré.
Des écarts possibles selon les accords d’entreprise
Il existe toutefois des nuances à prendre en compte :
- Certaines entreprises appliquent des accords internes plus avantageux pour fidéliser leurs agents sur des sites sensibles.
- Un chef d’équipe expérimenté peut prétendre à un coefficient supérieur en fonction de son ancienneté et de la nature spécifique du site Seveso où il intervient.
L’absence de précisions sur l’ancienneté des agents ou les conditions du contrat spécifique chez Securitas laisse planer un doute sur la véracité des affirmations de la vidéo.
Un manque d’entraînement des agents ?
Outre les salaires et l’équipement, la formation des agents est aussi remise en cause. Arthur ironise : « L’importance de manœuvrer régulièrement… Ce qui n’est globalement pas le cas dans cette entreprise. » Ce manque d’entraînement pourrait expliquer une intervention jugée maladroite, voire dangereuse.
Un internaute, théo, pointe du doigt une alternative évidente : « Sans ARI, sans casque, face au vent… Sinon appeler les pompiers, dont c’est le métier, c’est de la science-fiction au lieu de risquer sa vie pour rien ? » .
Une insatisfaction généralisée dans le secteur
La polémique ne se limite pas à cet incident. De nombreux témoignages confirment un malaise profond dans la profession. Un ancien agent, Jérémy, confie : « C’est pour ça que je suis parti ! La meilleure décision de ma vie après 18 ans de service ! »
D’autres dénoncent le manque de considération et les bas salaires. rachel.andriot🏳️🌈 écrit : « Malheureusement, c’est dans beaucoup de boîtes de sécurité qu’on est sous-payés. » et Tintin Nlc 🇫🇷 ajoute : « Si seulement c’était la seule boîte à faire ça… La sécu, les éternels oubliés, payés à coups de lance-pierre. »
Une dénonciation (légitime?) sur les conditions de travail, mais une exagération sur les salaires ?
Même si la vidéo met en lumière un problème sur les équipements et la formation des agents, l’argument salarial semble moins solide. L’analyse des barèmes n’indique pas d’infraction manifeste.
La diffusion de cette vidéo repose donc sur une indignation concernant les conditions de travail mais pourrait contenir une exagération sur la question des salaires pour appuyer le message.
Cette affaire rappelle une réalité souvent ignorée : ceux qui veillent sur notre sécurité sont parfois les premiers mis en danger.