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Vania Alleva: «Il est temps d'augmenter les salaires!»
2 septembre 2024 - Genève — La présidente d'Unia, Vania Alleva, a lancé un appel pressant lors de la conférence de presse de l'Union Syndicale Suisse (USS) sur les salaires : il est impératif d'augmenter les salaires effectifs et minimums en Suisse, face à la baisse continue des salaires réels et à l'augmentation du coût de la vie. Selon elle, une hausse générale de 5% est nécessaire pour permettre aux travailleuses et travailleurs de vivre décemment dans un contexte économique de plus en plus difficile.
Une situation alarmante pour les salariés suisses
Les chiffres sont sans équivoque : de 2021 à 2023, les salaires réels ont diminué trois années consécutives, un phénomène qui n'avait pas été observé depuis des décennies. Cette érosion du pouvoir d'achat, couplée à une inflation galopante, pousse de nombreux salariés à la limite de leurs capacités financières. Le secteur de l'hôtellerie-restauration, particulièrement touché, a vu une baisse de 3,6% des salaires réels, tandis que les travailleurs de la santé et de l'action sociale ont subi une perte de 1,8%.
Vania Alleva souligne que cette situation concerne tous les secteurs, que ce soit les vendeuses, les ouvrières, les travailleurs du bâtiment, ou encore les employés des soins aux personnes âgées. « Tous ces travailleurs se retrouvent en fin de mois avec des factures qu'ils peinent à payer, un signe clair que les salaires ne sont plus en phase avec le coût de la vie en Suisse », déclare-t-elle.
La sécurité privée : un secteur sous pression
Dans le secteur de la sécurité privée, la situation est tout aussi préoccupante. Les travailleurs de ce domaine, qui jouent un rôle crucial dans la protection des personnes et des biens, sont également touchés par la stagnation des salaires. Unia revendique une augmentation spécifique pour cette branche, avec une hausse de 1,5% pour compenser l'inflation, ainsi qu'une augmentation des salaires minimums pour les employés rémunérés à l'heure.
La sécurité privée illustre parfaitement le décalage entre la rémunération et les responsabilités croissantes des travailleurs. « Il est inacceptable que des professionnels, qui veillent quotidiennement à notre sécurité, soient eux-mêmes en insécurité financière », dénonce Alleva.
Des revendications pour l'avenir
Face à cette situation critique, Unia ne se contente pas de dresser un constat alarmant. Le syndicat avance des revendications claires dans le cadre des négociations salariales 2024/2025. Parmi elles, une hausse générale des salaires de 5%, mais aussi l'établissement de salaires minimums décents, avec un seuil de 4500 francs suisses par mois (environ 4700 euros), et 5000 francs suisses (environ 5400 euros) pour les personnes titulaires d'un diplôme d'apprentissage.
En réclamant des augmentations salariales substantielles, Unia cherche à combler le fossé qui s'est creusé ces dernières années entre la productivité du travail et les rémunérations. « Il est temps que les travailleurs et travailleuses soient rémunérés à la hauteur de leur contribution à l'économie et que les salaires reflètent réellement le coût de la vie en Suisse », conclut Vania Alleva.
Alors que les négociations s'annoncent tendues, les salariés suisses, notamment ceux des secteurs à bas salaire comme la sécurité privée, attendent avec impatience des mesures concrètes qui leur permettraient de vivre avec dignité.
Comparaison avec la France : L'écart se creuse
En France, le secteur de la sécurité privée offre des rémunérations significativement inférieures à celles observées en Suisse. Par exemple, un agent de sécurité employé sous le coefficient 130, l'un des plus courants dans la convention collective française, perçoit un salaire de 1798,99 euros bruts par mois, soit environ 1791 francs suisses.
Cette comparaison met en lumière un écart salarial important : le salaire minimum suisse dans la sécurité privée, même dans les segments les plus bas, est souvent plus de deux fois supérieur à celui de la France. Mais le coût de la vie en Suisse, notamment en termes de loyers et de services essentiels, est nettement plus élevé que celui en France.
Une situation qui interpelle
Le contraste entre les rémunérations des agents de sécurité en Suisse et en France soulève des questions cruciales sur l'équité salariale à l'échelle internationale. En Suisse, l'appel de Vania Alleva à revaloriser les salaires dans un secteur aussi vital que la sécurité privée reflète une prise de conscience croissante de l'importance de garantir des salaires décents, en accord avec la contribution des travailleurs à la société.
En France, bien que le salaire minimum soit inférieur, le débat sur la revalorisation des salaires dans la sécurité privée reste en grande partie à l'état embryonnaire. Cependant, à mesure que la pression augmente pour améliorer les conditions de travail dans toute l'Europe, il est probable que la question des salaires dans ce secteur devienne un sujet de plus en plus brûlant dans les négociations syndicales.