Guémené-Penfao : L’ancien maire dénonce “un délire total” face aux accusations du Jarl
L’affaire prend une nouvelle tournure. Alors que Yovan Delourme, alias "Le Jarl", revendique dans Ça va mal finir avoir mené des expéditions punitives sous contrat avec la mairie de Guémené-Penfao en 2003, l’ancien maire Yannick Bigaud dément catégoriquement. Interrogé par France 3 Régions, il qualifie ces affirmations de "totalement délirantes" et rejette toute idée d’une opération punitive organisée sous son mandat.
Mais le cœur du problème demeure : à qui accorder du crédit ? Un ancien élu qui se défend d’avoir commandé des violences, ou un "chef de la sécurité" qui les revendique fièrement pour en faire un argument de vente ?
Punition commandée ou simple surveillance ?
L’ancien maire ne nie pas avoir fait appel à une société de sécurité privée en 2003. Il évoque des dégradations répétées sur des bâtiments communaux, notamment les vestiaires du stade, et la nécessité de renforcer la surveillance. "Les gendarmes ne pouvaient pas patrouiller 24h/24", explique-t-il dans l’article publié le 27 mars 2025 sur France 3 Régions par Marion Fersing et Hélène Roussel. Il assure cependant que cette mission ne consistait qu’en des rondes classiques et en un rapport final, loin des scènes de violences décrites par Delourme.
Dans Ça va mal finir, Le Jarl affirme pourtant avoir frappé des adolescents jusqu'à ce qu'ils s'urinent dessus, les avoir enfermés dans un coffre avant de les livrer humiliés à leurs parents. Une mise en scène d’une brutalité extrême, justifiée selon lui par une "nécessité d’imposer l’ordre".
"Si ça avait été le cas, les parents auraient immédiatement débarqué en mairie !", s’exclame Yannick Bigaud, qui rappelle que la gendarmerie n’a jamais enregistré la moindre plainte à ce sujet.
Qui dit vrai ?
Deux visions s’affrontent. D’un côté, un ancien maire qui nie toute dérive et se dit victime d’un "mytho qui veut vendre son bouquin". De l’autre, un homme qui revendique des actes illégaux sous prétexte d’une mission confiée par une autorité publique.
Le plus préoccupant, ce n’est peut-être pas de savoir qui ment, mais ce que cela dit sur l’état du secteur de la sécurité privée en 2003. Car, dans les faits, un contrat municipal ne saurait légitimer des passages à tabac. Et pourtant, certains s’en vantent, et d’autres, peut-être, ferment les yeux.
Une enquête nécessaire
Si Yannick Bigaud ne souhaite pas porter plainte, la députée LFI Marie Mesmeur a saisi le procureur de Rennes. Elle exige que toute la lumière soit faite sur ces "aveux" troublants et les potentielles complicités évoquées par Delourme.
Car si les faits sont avérés, ils dépassent le simple cadre de la sécurité privée. Ils relèvent du droit pénal. Et si Le Jarl a menti ? Il n’en reste pas moins inquiétant qu’un individu "anciennement" lié au secteur de la sécurité privée revendique de telles pratiques, sans que cela ne déclenche immédiatement des sanctions professionnelles.
Le CNAPS, garant du contrôle des activités privées de sécurité, doit s’exprimer. Parce que, dans cette affaire, qu’il s’agisse d’un récit fantasmé ou d’une réalité cachée, une chose est sûre : c’est la crédibilité de toute une profession qui est en jeu.