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Le 1988 Live Club paie les dérives du Jarl : un cas d’école de non-professionnalisme

🔒 Fermeture administrative d’un mois pour le 1988 Live Club à Rennes. Une sanction lourde, conséquence directe des dérives répétées du service sécurité dirigé par le Jarl. Séquences illégales, vidéos à charge… mais c’est l’employeur qui paie, pendant que le Jarl vend son livre 📉📚

Fermeture administrative du 1988 Live Club : un mois de sanction pour une accumulation d’actes graves

La préfecture d’Ille-et-Vilaine a tranché : le 1988 Live Club, discothèque située place du Colombier à Rennes, est frappé d’une fermeture administrative d’un mois. La décision, signée le 21 mars 2025 par le sous-préfet Pierre Larrey au nom du préfet, s’appuie sur un enchaînement d’incidents graves et répétés, dont certains survenus aussi récemment que le 9 mars dernier.

Free party du 9 mars : une initiative hors cadre légal à l’origine des tensions

Le 9 mars 2025, aux alentours de 2h40, le service de sécurité du 1988 Live Club contacte la police nationale pour signaler la tenue d’une rave-party clandestine dans les anciens locaux du cinéma désaffecté situés au-dessus de l’établissement. Une fête illégale, réunissant plusieurs centaines de participants, y est en cours.

Mais alors que la mission des agents de sécurité se limite strictement à la sécurisation de l’accès à la boîte de nuit, ces derniers prennent l’initiative d’intervenir de leur propre chef, en empêchant physiquement d'autres participants d'accéder au bâtiment du cinéma. C’est précisément cette action illégitime — le blocage d’un accès ne relevant pas de leur périmètre contractuel — qui est à l’origine des vives tensions ayant opposé les agents aux raveurs.

Extrait de l'arrêté de fermeture

La situation dégénère rapidement : certains agents pénètrent à l’intérieur du cinéma, et utilisent des gaz lacrymogènes, sans cadre légal ni justification de légitime défense. Ces faits sont corroborés par plusieurs éléments : des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des participants fuyant en se tenant la bouche, et les forces de l’ordre, arrivées ultérieurement, confirment la présence d’une forte odeur de gaz lacrymogène dans les lieux.

Plus grave encore, ces gaz ont été employés à l’encontre de personnes ne présentant aucune animosité apparente, violant ainsi les règles de proportionnalité fixées par le Code de la sécurité intérieure et le Code Pénal. Cette intervention illégitime s’inscrit en dehors de toute habilitation, et constitue un usage manifeste et dangereux de la force en dehors du cadre réglementaire.

Le préfet d’Ille-et-Vilaine a estimé que ces agissements — ajoutés à une longue série de faits similaires recensés depuis 2022 — portaient gravement atteinte à l’ordre public, justifiant la fermeture administrative de l’établissement pour une durée d’un mois, à compter du 21 mars 2025 jusqu’au 21 avril 2025 inclus.

Découverte d’armes prohibées dans l’établissement

La perquisition qui s’en est suivie a permis de découvrir deux lanceurs de balles de défense (type gomme-cogne), ainsi que plusieurs conteneurs de gaz lacrymogène, détenus sans autorisation, en totale infraction avec la réglementation en vigueur sur les activités privées de sécurité.

Un lourd passif : violences, gazages, coups, illégalités

Le préfet n’a pas statué uniquement sur les faits du 9 mars. L’arrêté préfectoral dresse un historique accablant :

  • 2022 et 2023 : six plaintes déposées par des clients, principalement pour des violences par le service de sécurité, souvent avec usage de gaz incapacitant.
  • 2023 : des manquements relevés par le CNAPS, certains ayant donné lieu à des sanctions.
  • 3 mars 2024 : un homme gazé et roué de coups, provoquant une fracture de l’épaule avec 45 jours d’ITT.
  • 7 avril 2024 : un client poursuivi jusqu’à son véhicule et frappé.
  • 21 avril 2024 : gazage d’un individu simplement resté à proximité du club.
  • 16 novembre 2024 : un jeune homme frappé pour avoir interrogé les agents sur une éviction.
  • 15 février 2025 : un couple frappé, l’homme violemment plaqué au sol, la femme agressée alors qu’elle faisait une crise d’angoisse.
  • 23 février 2025 : après avoir trouvé une matraque sur un client, les agents procèdent à la fouille de son véhicule, sans prévenir la police, en dehors de tout cadre légal.
Extrait de l'arrêté de fermeture

Une atteinte grave à l’ordre public

Le préfet estime que l’ensemble de ces faits constitue une atteinte sérieuse à l’ordre et à la tranquillité publics. Les observations transmises par le gérant du 1988 n’ont pas convaincu : elles n’étaient pas de nature à remettre en cause ni le principe, ni la durée de la sanction.

Le 1988 Live Club est donc fermé pour une durée d’un mois, à compter de la notification de l’arrêté. L’établissement devra rester clos jusqu’à nouvel ordre, sous peine de sanctions pénales pouvant aller jusqu’à deux mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende en cas de réouverture illégale.

Un tournant pour la sécurité privée

Cette décision marque un signal fort des autorités. Elle rappelle qu’un service interne de sécurité ne peut s’arroger des pouvoirs qui ne sont pas les siens, encore moins faire usage d’armes ou intervenir hors cadre légal. Ce n’est plus seulement une affaire de maintien de l’ordre autour d’une boîte de nuit : c’est la crédibilité même du secteur de la sécurité privée qui est ici interrogée.

L’avenir du 1988 Live Club, et du service de sécurité qui l’encadre, est désormais suspendu à la suite des enquêtes judiciaires et aux potentielles suites administratives du CNAPS. À Rennes comme ailleurs, cette affaire risque de devenir une référence dans la régulation de l’usage disproportionné de la force par des agents privés.

Quand le Jarl documente lui-même les dérives de son service

L’une des particularités de cette affaire réside dans l’attitude de Yovan Delourme, dit « Le Jarl », extrêmement actif sur les réseaux sociaux, notamment sur X (ex-Twitter) ou Instagram. Bien loin de se cacher, il a multiplié les publications montrant les pratiques de son service interne de sécurité, souvent en infraction avec le cadre légal imposé par le Code de la sécurité intérieure et le Code de procédure pénale.

Parmi les nombreux extraits diffusés en 2024, on retrouve :

  • Fouille de véhicule sur la voie publique, saisie d’armes, sans aucun appel aux forces de l’ordre : une séquence édifiante où des agents de sécurité du 1988 fouillent un véhicule privé et confisquent des armes (matraques, gaz...) sans en référer à la police.
  • Interrogatoire d’un individu à la volée sur la voie publique, prétendument pour vérifier s’il aurait agressé un SDF – Le tout sans procédure, ni autorité judiciaire. Le Jarl affirme alors que les SDF seraient " sous sa protection ".
  • Fouilles corporelles, palpations, arrestations et saisies diverses : plusieurs vidéos le montrent en train d’interpeller ou faire interpeller des individus sur la voie publique, parfois avec port de gants coqués de type moto.
  • Saisie de stupéfiants, relâchement d’un suspect sans intervention des forces de l’ordre, tout en se filmant pour « valoriser » l’action de son équipe. Une pratique totalement contraire à l’article 73 du Code de procédure pénale.
  • Prise de sons via vidéoprotection, ce qui soulève de graves questions en matière de respect du RGPD et du droit à la vie privée (pour les salariés et les clients du 1988 Live Club)
  • Visionnage d’images issues de vidéoprotection d’un parking privé (complètement étranger au 1988 Live Club) pour mener une traque personnelle d’un individu suspecté de vol.

Loin de cacher ces actions, Le Jarl revendique ces pratiques comme des preuves d’efficacité, alors qu’elles démontrent un total contournement des règles juridiques encadrant les missions de sécurité privée. Il se met ainsi lui-même en position d’accusé, en publiant des éléments accablants.

Ces vidéos, pour la plupart toujours disponibles, constituent des éléments potentiels à charge dans l’instruction en cours et posent clairement la question de la responsabilité du CNAPS, qui, malgré ses sanctions passées, n’a pas réussi à faire cesser ces dérives.

Le CNAPS et le 1988 Live CLub

Cette exposition médiatique incontrôlée est d’autant plus choquante qu’elle intervient alors que le CNAPS a, par le passé, sanctionné (lourdement !) des entreprises de sécurité pour des infractions bien moindres. Dans un dossier connu, une société avait écopé d’une sanction pour avoir simplement photographié l’un de ses agents portant un spray incapacitant, alors que l’entreprise n’était pas autorisée à détenir ce type d’équipement.

Dans le cas du 1988 Live Club, les dérives ne se limitent pas à une erreur ponctuelle : elles sont systématiques, revendiquées, filmées et publiées depuis 2023 !. Et à ce jour, aucune mesure claire n’a encore été annoncée par le CNAPS à l’encontre de ce service interne, pourtant déjà épinglé pour des manquements passés.

Le gérant seul face aux conséquences

Fait peu rappelé par les soutiens du Jarl : Yovan Delourme, alias “Le Jarl”, n’est ni associé, ni dirigeant du 1988 Live Club. Il est salarié, responsable du service de sécurité (bien que lui se défende d'être simplement le "directeur"). Pourtant, c’est bien le propriétaire de la discothèque qui devra assumer seul les conséquences financières de cette décision.

En clair : un mois de fermeture sans recette, mais des salaires à verser à plusieurs dizaines de salariés, un loyer, un crédit à rembourser, les charges, les assurances, l’électricité, les fournisseurs… Le tout dans une période d’inflation et de tensions économiques déjà bien lourdes pour les établissements de nuit.

Quand la sanction tombe… le Jarl vend son livre

Pendant ce temps, le principal concerné, Yovan Delourme, multiplie les apparitions médiatiques et les vidéos à grand renfort de “preuves” à décharge, tout en assurant la promotion de son ouvrage Ça va mal finir.

Depuis le début de la polémique, le livre est devenu la meilleure vente Amazon dans la catégorie “Société française”, avec plus de 130 évaluations. Il récolte de nombreux commentaires positifs, tandis que d’autres dénoncent un discours belliqueux et dangereux.

Des aveux glaçants dans son propre livre : violences sur mineurs et dérives assumées

L’ouvrage Ça va mal finir, présenté comme un récit autobiographique, contient des révélations choquantes. Dans deux chapitres intitulés « L’hyperviolence devient la solution » et « Quand la fin justifie les moyens », Yovan Delourme revendique avoir mené des expéditions punitives contre des adolescents à Guémené-Penfao (Loire-Atlantique), en 2003, à la demande du maire de la commune de l’époque.

Selon ses propres mots, cette municipalité aurait sollicité son entreprise de sécurité privée, Staff Sécurité, pour "s’occuper" d’une bande de jeunes de 12 à 17 ans impliqués dans des dégradations, vols et violences.

Yovan Delourme va jusqu’à affirmer que la gendarmerie lui aurait transmis les noms, photos et adresses des adolescents concernés, en violation manifeste de toute règle déontologique. Il décrit comment, avec ses collègues, il passait à tabac les jeunes jusqu’à ce qu’ils s’urinent dessus, les séquestrait dans le coffre de son véhicule, puis se rendait chez leurs parents pour gifler les pères devant toute la famille.

Dans ces passages, il défend la violence physique comme mode de rééducation, moque les droits humains, et affirme que le respect de la personne entraîne la récidive. Il se félicite d’avoir « traumatisé » ces adolescents pour leur éviter, selon lui, une future délinquance. Il parle alors de “calottes éducatives”, de méthodes efficaces, et s’en prend directement à ce qu’il considère comme le laxisme de la justice et de l’administration.

Ces déclarations, gravissimes, ne sont pas tirées d’un rapport de police ni d’une enquête journalistique : elles sont revendiquées noir sur blanc par l’auteur lui-même, dans un livre diffusé à des milliers d’exemplaires.

Il reste à espérer que les autorités locales de l’époque, tout comme la gendarmerie de Guémené-Penfao, seront amenées à s’expliquer ou à démentir formellement ces affirmations. À défaut, ces passages soulèvent de graves questions sur d’éventuelles complicités institutionnelles dans des actes qui, selon le droit, relèvent de la séquestration, de la violence aggravée sur mineurs et d’atteintes à la liberté individuelle.

Qui paye les conséquences ? Certainement pas le Jarl

Et alors que le véritable propriétaire du 1988 Live Club affronte seul les retombées financières, Yovan Delourme capitalise sur la crise, vendant son livre comme un symbole de “résistance” et se posant en victime d’un système.

Espérons qu’à défaut de professionnalisme, il saura faire preuve de décence, et que les bénéfices retirés de Ça va mal finir seront reversés au (vrai) propriétaire du 1988 pour compenser les pertes liées à son comportement et aux dérives de son service de sécurité.

Car on parle ici d’un (simple !) salarié qui a déclenché une tempête, et d’un entrepreneur qui n’a rien demandé, mais qui, lui, paiera.

Comme Cyril Hanouna, ami médiatique du Jarl et animateur phare de TPMP – émission qui fermera officiellement ce mercredipaie en ce moment lui-même ses chroniqueurs avec son argent personnel, on peut espérer que Yovan Delourme suive cet exemple : qu’il prenne sur ses profits du livre, et qu’il indemnise – au minimum – celui qui assume seul les conséquences de ce fiasco.

Ce serait la moindre des choses, au regard d’un comportement qui démontre un grave manque de professionnalisme dans la gestion de la sécurité d’un établissement ouvert au public.

Le Jarl défie l’État : une réaction qui interroge !

Suite à la décision préfectorale de fermeture administrative du 1988 Live Club, Yovan Delourme, alias « Le Jarl », n’a pas tardé à réagir publiquement. Sur ses réseaux sociaux, il assume pleinement les actions de son équipe de sécurité lors de la nuit du 9 mars :

« Le préfet a choisi son camp. Je ne changerai aucune ligne de ce que nous avons fait. Nous avons appelé la police, demandé leur aide à 3 reprises, ils nous ont abandonnés. On ne s’est pas couché face à l’extrême gauche ! 👊🏻 Pourquoi aucun policier sur place nous a stoppés ? »

Dans sa réaction publique, Yovan Delourme, concentre sa défense exclusivement sur la nuit du 9 mars, évoquant un abandon par les forces de l’ordre et une riposte légitime à une prétendue menace de l'extrême gauche. Mais cette ligne de défense passe totalement à côté du cœur de la décision préfectorale.

Car l’arrêté signé le 21 mars par le sous-préfet ne se limite pas aux événements récents. Il dresse un bilan accablant de près de trois années d’infractions graves et répétées : violences, usage illégal de gaz lacrymogène, fouilles hors cadre, interventions non déclarées, sanctions du CNAPS, et même la découverte d’armes interdites dans l’établissement.

Autrement dit, le 9 mars n’a été que l’élément déclencheur d’une décision déjà largement motivée par un historique lourd et documenté. Tandis que le préfet agit sur l’ensemble du dossier, Le Jarl tente d’en réduire la portée à une seule nuit, comme s’il s’agissait d’un simple malentendu.

Une stratégie de communication, sans doute efficace sur les réseaux, mais qui ne résiste pas à l’examen juridique du dossier.

Ce refus d’autocritique — voire ce défi lancé à l’autorité de l’État — renforce l’impression d’un acteur de la sécurité privée en roue libre, plus préoccupé par son image de "résistant" médiatique que par le respect du cadre légal.

Alors que les autorités rappellent qu’un agent privé n’a ni pouvoir de police, ni légitimité à bloquer des accès, faire usage de gaz ou fouiller des véhicules, Le Jarl revendique l’ensemble de ses méthodes comme une forme d’« autodéfense de terrain ».

Un discours qui inquiète : car s’il suffit de se sentir « abandonné » pour s’arroger des compétences régaliennes, alors c’est tout l’équilibre entre sécurité publique et sécurité privée qui vacille.

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