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Le 24 novembre 2015, onze jours après les attentats de Paris, cet agent de sécurité de l’aéroport de Toulouse Blagnac voyait débarquer chez lui dix-neuf policiers, pour une des nombreuses perquisitions menées, partout en France, par les forces de l’ordre, dans le cadre de l’état d’urgence. Cette intrusion qu’il avait jugée «très violente» (lire «La Dépêche du Midi» du 25 novembre 2015), n’avait donné lieu à aucune suite judiciaire.
Revenu à son métier d’agent de sécurité à l’aéroport, M. Mhamdi, 15 ans d’ancienneté dans la profession, a reçu début mai sa lettre de licenciement «pour cause réelle et sérieuse». La faute du père de famille ? Avoir oublié, en quittant son lieu de travail en fin de journée, de rendre son «Paxtrack», un outil électronique qui permet de lire les cartes d’embarquement des passagers et permettant d’alimenter le temps d’attente des passagers. «Je l’avais oublié dans ma poche, j’ai cru que c’était mon portable», confie Taoufik. C’était le 6 avril. Le 8, il reçoit en main propre une lettre de convocation, pour un entretien préalable à une éventuelle mesure de licenciement. L’entretien a lieu le 15 avril. Le 28, il reçoit une lettre lui signifiant son licenciement.
«En aucun cas vous n’étiez autorisé à sortir ce matériel de votre lieu de travail, écrit son employeur. Vous avez ainsi engendré non seulement une désorganisation des services de l’entreprise, mais également de notre client Aéroport de Toulouse Blagnac. (…) Le lendemain, le matériel toujours introuvable, la responsable d’exploitation a dû prendre en charge elle-même le PaxTrack. Ce n’est qu’à 13 heures que vous vous êtes présenté au chef d’équipe pour lui remettre le Paxtrack (…). En conséquence, à 18 h 30, la direction des opérations de l’aéroport a été contrainte de couper l’application informatique liée au Paxtrack (…). Notre client, par votre fait, a dû reparamétrer le système informatique, en raison de la sortie de l’aéroport de cet outil contenant des données confidentielles (…) Toutes les cartes ont dû faire l’objet d’un contrôle manuel (…)».
Sonné par cette mesure qu’il estime abusive, Taoufik ne veut pas en rester là. Il est déterminé à se battre. «C’est un simple oubli ! J’étais épuisé après une longue journée de travail, ce n’est pas normal de licencier quelqu’un pour un simple oubli !» Taoufik a d’ores et déjà fait appel à un avocat. Un rassemblement de soutien est prévu mercredi 11 mai à 12 h 30, hall C de l’aéroport. «Taoufik travaillait déjà il y a 15 ans à Securitas quand il n’y avait qu’une seule société de sûreté à Blagnac. C’est un père de famille de quatre enfants et son dernier a tout juste deux ans. Le patron se permet de détruire la vie d’une famille pour une erreur dérisoire, écrivent les délégués du personnel de l’entreprise dans une lettre de soutien. Dans ses motifs, la direction prétend que l’absence de ce banal outil aurait eu des conséquences extrêmement néfastes dans la gestion du trafic. Ce qui est complètement exagéré, comme ont pu le constater tous ceux qui étaient en poste à ce moment. Mais au fond, le plus révoltant, c’est que pour le patron, un simple oubli est une cause de licenciement. C’est bien sûr le genre d’erreur que nous pouvons tous commettre un jour. Ne pas réagir aujourd’hui, c’est prendre le risque d’être licencié à notre tour demain.»
L’agent de sécurité licencié pour avoir “désorganisé” l’aéroport
Taoufik Mhamdi va de mésaventure en mésaventure. Le 24 novembre 2015, onze jours après les attentats de Paris, cet agent de sécurité de l’aéroport de Toulouse Blagnac voyait débarquer chez l…