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La Sécurité Privée : Un ministère dédié ou une simple illusion ?
Depuis la nomination de Nicolas Daragon comme ministre délégué chargé de la Sécurité du quotidien, les publications se multiplient sur les réseaux sociaux et dans certains médias pour affirmer que la sécurité privée aurait désormais « son propre ministère ». Une déclaration qui, bien que flatteuse pour le secteur, mérite d'être analysée à la lumière des faits.
Une interprétation erronée des faits
Si le décret n° 2024-988 du 7 novembre 2024 attribue à Nicolas Daragon des responsabilités concernant les activités privées de sécurité, il est important de noter qu'il agit sous l'autorité directe du ministre de l'Intérieur. Ainsi, le ministère de la Sécurité du quotidien n'est pas un ministère exclusivement dédié à la sécurité privée, mais englobe un large éventail de missions incluant :
- La sécurité civile
- La sécurité routière
- La coopération avec les polices municipales
- Les activités privées de sécurité
Cependant, les activités de sécurité privée ne représentent qu'un volet de ses nombreuses attributions, ce qui invalide l'idée d'un ministère exclusivement dédié à ce secteur.
Une présence limitée de la sécurité privée au sein de son cabinet
Un autre indicateur clé réside dans la composition du cabinet ministériel de Nicolas Daragon. Sur les sept membres de son équipe, seul François Jouffroy , nommé le 3 octobre 2024, est spécifiquement chargé, entre autres, de la sécurité privée. Son rôle de conseiller technique combine également des responsabilités liées au "Beauvau de la sécurité civile" et à la sûreté dans les transports. Cette présence limitée de la sécurité privée au sein de l'organigramme renforce l'idée qu'elle ne constitue pas une priorité exclusive du ministère.
Contexte et perception
Les récents Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 ont offert une visibilité accrue à la sécurité privée, notamment grâce à l'absence d'incidents majeurs et à une coordination efficace avec les forces de l'ordre. Cela a alimenté l'idée que la sécurité privée mérite une reconnaissance institutionnelle dédiée, comme l'évoquent certains articles enthousiastes. Toutefois, cette reconnaissance prend ici la forme d'une délégation parmi d'autres, et non d'un ministère autonome.
Un parallèle historique : le délégué interministériel à la sécurité privée (DISP)
L'idée d'un "ministère dédié" n'est pas nouvelle. En 2010, le Délégué Interministériel à la Sécurité Privée (DISP) , créé par le Décret n° 2010-1073 , avait pour mission de coordonner les relations entre l'État et le secteur privé, de promouvoir la professionnalisation et d'encourager les partenariats. publics-privés. Cependant, cette fonction a été abandonnée au fil du temps, faute de résultats probants et de volonté politique soutenue.
La situation actuelle est différente : bien que les activités privées de sécurité soient mentionnées dans les attributions de Nicolas Daragon, elles restent intégrées à un cadre plus large. L'absence d'un ministère autonome pour la sécurité privée est conforme à une approche globale de la sécurité, où le secteur privé agit en complémentarité avec les forces publiques.
Bilan et synthèse
Si la nomination de Nicolas Daragon et la présence de François Jouffroy dans son cabinet témoignent d'une prise en compte croissant de la sécurité privée dans les politiques publiques, il serait inexact de parler d'un "ministère de la sécurité privée". Ce secteur demeure une composante parmi d'autres dans une approche globale de la sécurité du quotidien, qui s'étend bien au-delà de ses seules préoccupations.