Table des matières
Namur — Après Charleroi, qui a récemment innové en créant deux zones Vigilis sur son territoire, la Ville de Namur envisage à son tour de faire appel à des sociétés de gardiennage pour la surveillance de certains lieux publics sensibles. Une démarche qui soulève des questions sur l’avenir de la gestion de la sécurité dans l’espace public en Belgique.
Les zones Vigilis, un concept encore inédit dans le paysage belge avant son adoption par Charleroi, permettent aux agents de sécurité privés d’intervenir dans des espaces publics, un rôle traditionnellement réservé aux forces de l’ordre. À Charleroi, cette initiative a été saluée par une partie de la population en quête de sécurité accrue dans des zones jugées sensibles. Cependant, elle n’est pas sans susciter des débats sur la privatisation potentielle de l’espace public.
Maxime Prévot, bourgmestre de Namur et membre du parti Les Engagés, a confirmé lors d’une intervention récente que la Ville de Namur étudiait activement cette option. « Nous sommes en train d’examiner la possibilité de créer des zones Vigilis sur notre territoire. Cela pourrait répondre à un besoin croissant de sécurité dans une série de lieux sensibles », a-t-il déclaré. Toutefois, Prévot a tenu à rassurer la population : « Il n’est absolument pas question de privatiser l’espace public. La gestion de ces zones restera sous le contrôle strict des autorités communales. »
Cette initiative de Namur fait écho à une première expérience lancée à Charleroi, une ville souvent considérée comme un laboratoire en matière de nouvelles politiques de sécurité urbaine. Les zones Vigilis y ont été introduites pour répondre à une demande pressante de renforcement de la sécurité, notamment dans des secteurs où la présence policière ne peut être assurée de manière continue.
L’initiative de Charleroi avait été saluée pour sa rapidité de mise en œuvre, mais aussi critiquée par certains observateurs qui voient dans ces zones une dérive vers la privatisation de la sécurité publique. Ces critiques soulignent que la présence des agents de sécurité privés dans l’espace public pourrait brouiller la frontière entre les responsabilités des forces de l’ordre et celles du secteur privé.
À Namur, le débat est encore en cours. Les autorités locales semblent déterminées à explorer cette piste, mais avec prudence. L’objectif affiché est de renforcer la sécurité sans céder à la tentation de déléguer entièrement cette responsabilité au secteur privé. « Nous devons trouver un équilibre entre l’efficacité de la sécurité et la préservation de l’espace public en tant que bien commun », a souligné Prévot.
La création de ces zones Vigilis à Namur, si elle se concrétise, pourrait marquer une nouvelle étape dans la manière dont les villes belges gèrent la sécurité de leurs espaces publics. Elle pose également la question plus large de l’avenir de la sécurité urbaine en Belgique, à l’heure où les défis en matière de sécurité se multiplient.
Le précédent créé par Charleroi montre que les communes belges sont prêtes à innover pour répondre aux attentes de leurs citoyens en matière de sécurité. Reste à voir si cette tendance s’étendra à d’autres villes et si les zones Vigilis deviendront un standard ou resteront une exception dans la gestion de la sécurité urbaine.