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Le 14 mai 2024, une attaque brutale contre un fourgon pénitentiaire près du péage d'Incarville a provoqué la mort de deux surveillants pénitentiaires, soulevant des interrogations sur l'efficacité du dispositif sécuritaire des transferts de prisonniers.
L'escorte du prisonnier était-elle suffisante ?
Selon Benjamin Gauthier, représentant syndical pour FO Justice 76, les ressources actuelles sont insuffisantes. « Nos véhicules de transfert ne sont pas blindés et les agents ne disposent que d’armes légères face à des assaillants souvent mieux armés », déplore-t-il. Cette attaque souligne la réduction des moyens depuis 2019, où les escortes de la Police ou de la Gendarmerie lourdement armées étaient la norme.
Faut-il généraliser la visioconférence pour les auditions des détenus ?
Face au risque accru lors des transferts physiques, l'alternative de la visioconférence est mise en avant. Cette pratique, qui s’est développée durant la crise de la Covid-19, reste cependant marginale malgré ses avantages en termes de sécurité et de coûts. « C’est un mode dégradé qui ne permet pas une interaction adéquate lors des auditions », explique Frédéric Macé, ancien juge d'instruction et président de l'AFMI. Les avocats, comme Patrick Mouchet, Bâtonnier de l'Ordre des Avocats de Rouen, insistent aussi sur l'importance du contact direct pour la défense des droits des prisonniers.
Les complices de Mohammed Amra ont-ils eu des informations sur son transfert ?
L’enquête est toujours en cours, mais il semble que les assaillants étaient précisément informés du timing et de l’itinéraire du transfert, ce qui pose la question de la sécurité des informations. « Il est possible que les informations aient fuité de l’intérieur, soit par des détenus utilisant des téléphones portables, soit par des agents corrompus », indique Ludovic Friat, Président de l'Union Syndicale des Magistrats.
Cet événement tragique met en évidence la nécessité de revoir les protocoles de transfert pénitentiaire et de renforcer la formation ainsi que les moyens alloués aux agents d’extraction judiciaire, tout en explorant des alternatives comme la visioconférence pour minimiser les risques.