LE FIGARO. – Votre structure, créée en janvier 2012, entend «assainir» le secteur de la sécurité privée. Mais comment contrôler 150.000 salariés?
Jean-Yves LATOURNERIE. – Il est vrai que nous sommes face à un marché très émietté puisque 80% des 6000 entreprises ayant eu une autorisation régulière d’exercer ne compte qu’un salarié, à savoir le gérant. Après une première année de montée en puissance, nous avons mené 2536 opérations sur le terrain, dans des zones industrielles, des centres commerciaux, des discothèques ou encore lors d’événements comme le festival des Vieilles Charrues ou le Salon du Bourget. Pas un département n’y a échappé. 1488 entreprises et 6882 agents ont été ciblés en 2013 dans les secteurs les plus significatifs. Notre taux de contrôle fait qu’une entreprise sera visitée au moins une fois tous les quatre ans. C’est loin d’être négligeable…
Comment se déroulent les vérifications?
Les 71 contrôleurs, parmi lesquels se trouvent d’anciens policiers ou gendarmes, vérifient les cartes professionnelles, la conformité des uniformes sur lequel doit être inscrit le nom de leur société et qui doivent être distincts de ceux de forces de l’ordre. On observe les agents en action, vérifie leurs consignes ou encore l’exclusivité de leur tâche: un agent ne peut servir à la pompe ou garnir les gondoles d’un commerce…
Où observe-t-on les dérapages?
Dans toutes activités, mais en particulier dans la surveillance humaine, qui correspond à 80% du secteur. Certains n’ont pas l’autorisation d’exercer ou ne sont pas déclarés, d’autres peuvent porter des bombes lacrymogènes ou des matraques dissimulées dans leur tenue alors que seuls les transporteurs de fonds ont le droit d’être armés. En 2013, 345 sanctions, allant de l’avertissement à l’interdiction temporaire d’exercer, ont été prononcées, y compris des pénalités financières d’un montant global de 1,19 million d’euros.
Comment s’assurer de la moralité et du professionnalisme des agents?
Avant de délivrer des autorisations d’exercer, nous vérifions si la personne est bien titulaire d’un diplôme reconnu après au minimum 140 heures de formation. Les casiers judiciaires sont aussi examinés car les mentions de vols, de violences ou encore de problèmes récents et répétés liés à l’alcool ou la drogue sont rédhibitoires. En outre, les fichiers de la police sont aussi consultés car 20 à 30% des candidats y sont connus d’une manière ou d’une autre. En 2013, 39.592 cartes professionnelles ont été demandées et ont fait l’objet de 7,6% de refus définitifs.