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Un Havrais soupçonné d’avoir frauduleusement gagné plus de 400 000 euros
Publié le 14/10/2013 à 18H40
L’argent de la société était versé sur des comptes bancaires personnels
Un Havrais d’une quarantaine d’années est soupçonné d’avoir gagné frauduleusement plus de 400 000 euros, par le biais d’une entreprise de gardiennage, qu’il a créé à La Neuville-Chant-d’Oisel, situé à 15 km au sud de Rouen. Sa compagne est également poursuivie pour blanchiment d’argent. La société travaillait essentiellement pour des clients situés au Havre et en région parisienne.
Rouen (Seine-Maritime). C’est une grosse affaire financière, dont a été saisi le parquet de Rouen, et qui vient d’être renvoyée, ce lundi 14 octobre, devant le tribunal correctionnel, au 15 janvier prochain. Un homme de 41 ans, originaire du Havre est poursuivi pour “abus de biens sociaux”, “abus de confiance “, “faux et usage de faux”, “blanchiment”, “banqueroute”, “exécution d’un travail dissimulé”… la liste est longue. Avec un complice présumé, il a créé une société de sécurité privée, le Groupe protection service (GPS), basée à La Neuville-Chant-d’Oisel (Seine-Maritime), pour se faire des bénéfices au détriment de ses salariés. Sa compagne, 39 ans, est poursuivi pour “blanchiment” d’argent. Le couple, “cerveau” présumé de cette escroquerie, est soupçonné d’avoir utilisé l’argent de cette SARL, obtenu d emanière illicite, à des fins personnels entre 2010 et 2011. A ce petit jeu, en un an, ils ont gagné plus de 400 000 euros.
Fausses factures, faux contrats de travail, faux bulletins de salaire…
Ce sont des fonctionnaires de l’urssaf de Seine-Maritime qui, en février 2011, détectent des irrégularités dans les cotisations sociales de cette SARL spécialisée dans le gardiennage. Le parquet de Rouen est saisi. Une enquête préliminaire est menée par les gendarmes et le groupe d’intervention régional (GIR) de Haute-Normandie. “Les enquêteurs vont réaliser qu’un nombre important de mouvements financiers sont effectués au sein de cette entreprise”, explique une source proche du dossier. Les dirigeants de GPS travaillent avec neuf sociétés (restaurants, discothèques, sociétés de gardiennage) situées au Havre et en région parisienne, qui ont besoin de leurs services en surveillance et sécurité. Pour faire du chiffre, les dirigeants de GPS sont accusés d’avoir établi, au détriment de leurs salariés, de faux contrats de travail, de faux bulletins de salaires, de fausses déclarations préalables à l’embauche, et une vingtaine de ses employés n’ont pas été déclarés à l’urssaf de Seine-Maritime. De fausses factures sont également fournies. Aucune comptabilité n’est effectuée dans l’entreprise. Les salariés vont réaliser qu’au cours et à l’issue de l’enquête, qu’ils ont été blousés. Ils étaient présents, aujourd’hui, lors de l’audience pour demander des dommages et interêts.
Achat d’une maison à 300 000 euros
Les enquêteurs vont découvrir que la compagne du principal prévenu, qui n’est autre que le responsable d’exploitation de GPS, a ouvert 14 comptes bancaires en France. C’est sur certains de ses comptes personnels que l’argent de la société GPS, obtenu frauduleusement, va transiter. “Des sommes colossales vont être découvertes par les enquêteurs, relate une source proche de l’affaire. Officiellement, la compagne du prévenu, secrétaire dans le Val-de-Marne, mère de trois enfants, déclare gagner 1300 euros par mois. En fait, elle a des rentrées d’argent sur ses comptes qui s’élèvent à plus de 10 000 euros par mois”. Des constatations plus que troublantes. Les enquêteurs vont découvrir qu’elle a contracté un emprunt, qu’elle rembourse – 2500 euros par mois – pour l’achat d’une maison à 300 000 euros à Argenteuil (Val-d’Oise). Elle est donc poursuivi, devant le tribunal, pour blanchiment d’argent. Un faux contrat de travail et de faux bulletins de paie ont été établis au nom de sa femme, qui n’a en fait jamais travaillé pour la société GPS. Le principal mis en cause, quant à lui, a ouvert un compte en banque sous une fausse identité. Sur autorisation du juge des libertés et de la détention (JLD), le parquet de Rouen a saisi cette demeure à Argenteuil. Fait rarissime dans le ressort du tribunal de Rouen.
Plus de 80 000 euros détournés dans une autre société de gardiennage
Le “cerveau” présumé de cette vaste tromperie devra également rendre des comptes pour “abus de confiance”. En clair, il est soupçonné d’avoir détourné plus de 80 000 euros, au sein d’une société de gardiennage de la région parisienne, dont il détenait une part. “Il gérait un secteur d’exploitation et la responsable de la société un deuxième. Le sien était bien géré, mais pas celui du principal prévenu”. Ses détournements présumés sur les comptes de cette autre société, à des fins personnels, va la mener tout droit vers la liquidation judiciaire. Et sa chef d’entreprise, présente à l’audience, va se retrouver en surendettement. Après les salariés de l’entreprise GPS, elle est la deuxième principale victime de ce dossier. Le Groupe protection service a été liquidé, en septembre 2011 et présente un passif d’un million d’euros.