Table des matières
Basé sur une enquête inédite portant sur les services internes de sûreté de grandes entreprises françaises, l’article analyse le statut, le poste et le rôle du directeur de sûreté.
Personnage plutôt méconnu, il représente pourtant une pièce majeure d’interface dans les divers assemblages policiers, à l’heure de la montée d’une idéologie dite de la sécurité globale propagée par divers think tanks néoconservateurs proches des intérêts du complexe militaro-industriel et par certaines directions d’entreprises à rayonnement international.
L’article explore trois dimensions. D’une part, il appréhende les investissements cognitifs, normatifs et éthiques vécus par le titulaire du poste à partir de son périmètre d’action en prévention des risques et menaces au sein de son entreprise. Il pointe, d’autre part, la mise en tension de deux logiques d’action : savoir démontrer la rentabilité relative des investissements sécuritaires à la direction de l’entreprise tout en sachant se conformer aux impératifs de protection non négociables dans les domaines décrétés d’importance vitale par les pouvoirs publics.
Il suggère enfin une explication possible à la reconversion massive des militaires et des gendarmes dans ces postes : une solution de compromis organisationnel honorable censée atténuer l’âpreté des conflits d’intérêts entre logiques d’État et logiques du marché dans la production de la sûreté générale.
Voir le dossier
http://champpenal.revues.org/8142#tocto2n8