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Jeudi 3 avril, en plein centre-ville d’Angers, un agent de sécurité du Monoprix Fleur d’Eau a été agressé. Pas par un groupe organisé. Pas dans un quartier sensible. Mais en pleine journée, dans un magasin du quotidien. L’agresseur : un homme seul, visiblement sous emprise, connu pour ses violences répétées.
Ce jour-là, Anthony Lemoine, 35 ans, entre une première fois dans le magasin, ivre et agité. Il en est expulsé. Il revient. Expulsé encore. Il revient une troisième fois, déterminé, et là, tout dérape.
Il s’en prend violemment à l’agent de sécurité qui tente une nouvelle fois de l’écarter. Le frappe, le projette. Un client, malencontreusement mêlé à l’altercation, est lui aussi blessé. La scène se prolonge dans la cage d’escalier du magasin. La police municipale intervient. Mais même à plusieurs, les agents peinent à maîtriser l’individu. L’interpellation est qualifiée de "la plus difficile en quinze ans" par Me Mathilde Uzureau, avocate des policiers municipaux, selon un article publié par Ouest-France le 8 avril 2025.
Lors de l’arrestation, les policiers découvrent deux seringues et deux bouteilles de rhum vides sur lui. Lemoine, déjà condamné à dix reprises pour violences et usage de stupéfiants, est décrit par la procureure Salima Djeglou comme ayant "un rapport à la loi très compliqué". En d’autres termes : les règles, il les ignore. Et ceux qui les font respecter, encore plus.
Son avocat, Me Percy Coaguila Pita, a tenté de centrer les débats sur les addictions et la nécessité d’un accompagnement thérapeutique. En vain. Le tribunal judiciaire d’Angers l’a condamné, le lundi 7 avril, à un an de prison ferme, assorti de 1 500 euros de dommages et intérêts à verser aux policiers municipaux agressés.
Et l’agent de sécurité, dans tout ça ? Oublié dans les condamnations, comme trop souvent.
Ce fait divers n’a rien d’exceptionnel dans le quotidien des agents de sécurité. Il révèle pourtant un problème structurel : l’exposition constante à la violence, l’absence de reconnaissance, et un sentiment d’impunité de certains délinquants vis-à-vis des agents de sécurité privée. Ces derniers ne sont pourtant pas des figurants. Ils assurent une mission définie à l’article L.611-1 du Code de la sécurité intérieure : la surveillance des biens et la sécurité des personnes. Et ils le font, souvent seuls, sans arme, sans appui immédiat.
Quand un agent est frappé, c’est tout un dispositif qui vacille. Car ces agressions ne sont pas que des débordements. Ce sont des signaux. Des tests. Et parfois des appels à l’indifférence.