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Le procès de quatre hommes, accusés d’avoir provoqué la noyade de Saïd Bourarach dans le canal de l’Ourcq en 2010 après une banale dispute, s’est ouvert dans un climat tendu à Bobigny, cinq ans après la mort de ce vigile marocain qui avait suscité une vive émotion.
Trois des accusés sont arrivés libres au tribunal. En jean et chemise, les visages graves, ils ont pris place devant une salle comble et ont calmement décliné leur identité. Le quatrième accusé, absent, sera jugé par défaut.
Renvoyés devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis jusqu’au 26 mars pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec usage ou menace d’une arme», les quatre hommes, âgés de 23 à 30 ans, encourent 15 ans de réclusion.
Saïd Bourarach, un père de famille marocain de 35 ans employé dans un magasin de bricolage à Bobigny (Seine-Saint-Denis), avait été pris à partie le 30 mars 2010 par un client qui voulait entrer après la fermeture pour y acheter un pinceau et un pot de peinture.
Une altercation avait alors éclaté, son agresseur s’emparant d’une manivelle à cric tandis que le vigile répliquait avec sa bombe lacrymogène.
L’éconduit avait appelé en renfort son frère, qui était arrivé sur place avec un cousin et des amis, et tous l’avaient pris en chasse le long du canal situé derrière le magasin.
Le corps sans vie de Saïd Bourarach avait été repêché le lendemain. L’autopsie avait conclu à une noyade mais l’origine des traces de coups retrouvées sur son corps ne sera jamais déterminée.
Les accusés ont toujours soutenu que le vigile s’était noyé après s’être volontairement jeté dans le canal, mais la justice leur reproche d’avoir exercé sur lui une «pression psychologique» telle qu’il n’aurait eu d’autre échappatoire que le saut.
– ‘Gang des barbares de Pantin’ –
Pourtant pour sa veuve, qui n’était pas présente lors de l’ouverture du procès, le doute subsiste. Son conseil, Me François Danglehant, regrette notamment que parmi les «six ou sept» qui lui ont couru après, seuls quatre soient poursuivis.
L’avocat, par ailleurs parmi les défenseurs du polémiste Dieudonné, qui a lui-même évoqué plusieurs fois le sort de ce vigile, a en outre demandé dès le début de l’audience à la cour d’ordonner une reconstitution, ou du moins un transport sur les lieux pour «rétablir les faits». Elle a remis sa décision à plus tard.
A l’époque, le décès de Saïd Bourarach avait suscité une vive émotion, en particulier dans la communauté musulmane. Arguant du «caractère raciste» de l’agression, les accusés étant de confession juive, des manifestants s’étaient rassemblés pour demander la «justice pour Saïd».
Interrogé dans la matinée par la présidente sur ses «activités religieuses», le premier des accusés entendus, qui comparaît aux côtés de son frère et de son cousin, a soutenu que «sa famille n’était pas raciste» et «ne fait pas partie de la LDJ» (Ligue de défense juive, un groupe interdit dans plusieurs pays).
Au centre des discussions, surtout à l’extérieur de la salle des assises, la thèse d’une agression à caractère racial n’a pourtant jamais été étayée dans le dossier, qui privilégie une dispute entre un jeune homme décrit comme «excité» et un vigile qui lui refuse l’entrée dans un magasin.
«Il y a eu des mots très durs qui ont été lancés dans cette affaire par des gens qui n’avaient pas accès au dossier, qui ne savaient pas ce qui s’était passé», a déploré mardi Me Paul Le Fèvre, l’un des avocats de la défense.
«On a parlé de +gang des barbares de Pantin+, on a parlé de rats, on a parlé d’assassins qui auraient jeté Saïd Bourarach dans le canal comme un chien. Ce premier fantasme, il s’agit d’un crime raciste, ne tient pas une seule seconde la route, et pendant 10 jours d’audience, il y en aura bien suffisamment pour s’en rendre compte», a-t-il ajouté.
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