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Dans un article à charge de Libération paru le 29/11, un journaliste laisse entendre qu'il y aurait eu des manœuvres illicites de la part de Monsieur Tibor Vass et de sa société LPN pour obtenir le contrat et l'armement nécessaires à la protection armée de Charlie Hebdo. Le principal intéressé a accepté de répondre à mes questions à ce sujet et m'a même fourni de nombreuses preuves matérielles. J'ai volontairement mis en gras ou en rouge certains passages pertinents pour faciliter la compréhension.
Le principal intéressé a accepté de répondre à mes questions sur ce sujet et m'a même fourni de nombreuses preuves matérielles. J'ai volontairement mis en gras ou en rouge certains passages pertinents pour faciliter la compréhension.
Synthèse et chronologie de cette affaire :
- Fin mai 2015 : Le ministère de l'Intérieur contacte LPN pour un appel d'offre concernant un site à très haute sensibilité (Charlie). Plusieurs sociétés de sécurité sont contactées.
- 11 juin 2015 : Charly choisit LPN. Signature du contrat entre LPN et Charlie.
- 28 juin 2015 : Courriel du général Dary à l'ancien directeur du CNAPS (Gardère) pour discuter des possibilités d'armer légalement les agents de sécurité.
- Fin juillet 2015 : Tibor Vass relance l'ancien directeur du CNAPS (Gardère) au sujet des possibilités légales d'armement pour un agent de sécurité, suite au contrat signé depuis le 11 juin 2015.
- Octobre 2015 : Le préfet de police de Paris commence à délivrer les premières autorisations de port d'armes à des agents de sécurité de Charlie. Tibor Vass propose de livrer deux caisses de vin de la Légion étrangère au siège du CNAPS pour les remercier de leur rôle d'assistance et de conseil à la profession. Il encourage également l'ancien directeur du CNAPS à passer quelques jours en Hongrie pour découvrir son pays (enregistrement téléphonique).
- Janvier 2016 : Mise en examen de l'ancien directeur du CNAPS pour "abus d'autorité", "détournement de fonds publics", "corruption passive", "prise illégale d'intérêts" et "recel d'abus de biens sociaux" pour de nombreux faits (hors cette affaire Charlie Hebdo).
- Mars 2019 : Mise en examen de Tibor Vass pour avoir proposé deux caisses de vin et laissé "supposer" qu'il allait offrir un séjour de quelques jours en Hongrie à l'ancien directeur du CNAPS.
- 29 novembre 2020 : Parution d'un article dans Libération faisant état de cette affaire "Charlie" et LPN, qui date de 2015, en sous-entendant que le contrat de Charlie Hebdo a été obtenu grâce à l'intervention de l'ancien directeur du CNAPS, Gardère, via de la corruption.
- 30 novembre 2020 : Date prévue du jugement entre LPN et Charlie Hebdo pour rupture de contrat illégale (plus de 4 millions d'euros demandés en dédommagement par LPN). La décision a finalement été repoussée à la suite de cet article du 29 novembre dans Libération.
Le journal satirique Charlie Hebdo a subi une attaque terroriste islamiste le 7 janvier 2015 à Paris.
Le journal Libération laisse supposer que c'est grâce au général D. et au directeur du CNAPS que vous avez obtenu ce contrat. Est-ce Charlie Hebdo qui vous a contacté ? Ou qui avez-vous contacté pour proposer des agents de sécurité armés ? Et surtout, quand ?
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Tibor VASS:
J'ai reçu un appel d'un numéro masqué provenant du ministère de l'Intérieur vers la fin du mois de mai 2015.
On m'a indiqué que nous étions présélectionnés pour éventuellement répondre à un appel d'offres (AO) pour la sécurisation d'un site de très haute sensibilité avec des agents armés. On m'a demandé si nous souhaitions participer à cet AO. J'ai bien sûr répondu favorablement ; qui ne l'aurait pas fait ?
Environ deux jours plus tard, j'ai reçu un appel du directeur financier de Charlie Hebdo, M. Éric Portheault, qui m'a expliqué que, dans le cadre de cet AO, il souhaitait nous rendre visite, comme il l'avait fait avec les autres sociétés qui avaient été présélectionnées.
Nous avons convenu d'un rendez-vous le 29 mai dans nos locaux à Clamart. Nous nous sommes revus une fois de plus le 3 juin pour visiter les futurs locaux.
Il nous a confirmé par téléphone que nous avions remporté le marché le 9 juin. Le contrat a été signé physiquement le 11 juin.
À partir de quand avez-vous eu des contacts avec l'ancien directeur du CNAPS, M. Gardère ? Et pourquoi ?
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Tibor VASS :
Nous avons signé le contrat le 11 juin, mais nous nous sommes rapidement heurtés à un mur infranchissable de l'administration, dans un cas de "vide juridique", car la loi autorisant la mise en place des agents armés n'existait pas à cette époque et il n'y avait aucune procédure claire, ni décrets ou arrêtés qui définissaient les modalités de mise en place des agents de sécurité armés.
Nous avions reçu une mission, mais nous ne savions pas comment la mettre en œuvre. C'est dans ce contexte que j'ai demandé au général Dary s'il pouvait m'obtenir un rendez-vous avec le préfet du CNAPS, qui a transmis un courriel officiel le 28 juin 2015, soit pratiquement deux semaines après que nous ayons signé le contrat et un mois après que nous ayons eu nos premiers échanges avec les responsables de Charlie Hebdo !
(Image ci-dessou) Mail du général DARY au directeur du CNAPS Gardère le 28/06/2015
(Image ci-dessou): Mail du CNAPS central
Aviez-vous besoin, à l'époque, d'une quelconque autorisation ou agrément du CNAPS pour proposer un service armé à ce client ?
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Tibor VASS :
Aucun ! Nous avions très vite compris que le CNAPS n'avait aucune compétence dans la délivrance des autorisations de port d'armes. C'est la préfecture de police de Paris qui nous a délivré ces autorisations.
- (Note du blog) : Le CNAPS a, outre la mission de police administrative, une mission de conseil et d'assistance à la profession (Cf. Article L632-1 du CSI). Ce qui est en soi une bonne démarche que de s'attacher auprès d'eux pour obtenir des "conseils" et de "l'assistance" dans le cadre d'une mission aussi sensible.
Le journaliste indique que les agents de LPN ne disposent pas des bons agréments leur permettant de solliciter un port d'armes à titre exceptionnel.
Est-ce vrai ? De quels agréments parle-t-il ?
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Tibor VASS :
Tous les agents qui sont intervenus chez Charlie Hebdo étaient des anciens militaires comme moi, qui ont servi dans des unités d'élite des armées et même des unités d'élite de la Police Nationale. Ils avaient tous obtenu leurs cartes professionnelles par équivalence.
Toutes les cartes, APR, APS, etc… Ce qui est tout à fait légal ! Tout en sachant qu'au début, personne n'avait été capable de nous indiquer si, pour avoir les autorisations de port d'armes de la préfecture, nous devions signer un contrat de protection rapprochée ou un contrat de surveillance humaine. La seule chose réalisée par le CNAPS fut la délivrance et les vérifications des cartes professionnelles.
Le journal Libération indique que le directeur de cabinet, Pierre Cournil, a contacté les services administratifs du CNAPS pour faire modifier votre carte professionnelle ; à titre dérogatoire et contre tous les usages, vous permettant de solliciter l'armement demandé. De quoi parle-t-il ? En 2015, pourtant, aucune carte professionnelle d'agent armé n'existe ?
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Tibor VASS :
Je viens de vous répondre, je suis un ancien sous-officier du GCP du 2e REP, allez vérifier si je dois avoir une carte CNAPS par équivalence ou pas.
- (Note du Blog) : En effet, arrêté initale du 19 juillet 2007 puis repris par l’arrêté du 11 juillet 2017 relatif à la reconnaissance aux militaires , permet une obtention automatique de celle de "surveillance humaine" à minima. Il n'y a donc aucune dérogation ni passe-droit. L'affirmation du journaliste de Libération indiquant que c'est à titre "dérogatoire" et "contre tous les usages" est doublement fausse, car en plus en 2015, il n'existe pas de carte professionnelle d'agent armé délivrée par le CNAPS !
Ce journaliste prête à l'ancien président du CNAPS, Alain Bauer, ces propos : il se souvient d'une réunion « surréaliste » Place Beauvau, au cours de laquelle un des conseillers du ministre a informé les participants de la décision de privatiser la sécurité de Charlie Hebdo. « J'ai appelé immédiatement le ministre et son directeur de cabinet pour leur rappeler que c'était une pure folie et totalement illégal. »
Est-il vraiment illégal d'armer un agent de sécurité pour la protection d'un lieu sensible en 2015 ?
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Tibor VASS :
Premièrement, nous savons tous qui est M. Alain Bauer, contre qui ont également été ouvertes des enquêtes, non pas pour deux caisses de vin de la Légion étrangère à 8 euros la bouteille, mais pour des soupçons de fausse facturation de plusieurs millions d'euros. D'ailleurs, moi, je n'ai jamais nié que j'ai offert deux caisses de vin de la Légion étrangère aux services du CNAPS, comme je l'ai offert également aux employés de Charlie Hebdo, qui d'ailleurs ont bien apprécié. La valeur nominale de la bouteille est de 8 €, mais la valeur sentimentale est inestimable, car ce vin est produit par les blessés et les invalides de la Légion étrangère.
L'intégralité du prix de vente est reversée aux maisons de retraite de la Légion étrangère. C'est une de mes manières de remercier la Légion étrangère pour tout ce qu'elle m'a apporté, en contribuant au rayonnement de son image.
Deuxièmement, j'ai l'impression que M. Bauer a la mémoire un peu courte, car, dans le communiqué de presse du Collège du CNAPS qui s'est réuni le jeudi 19 novembre 2015 au matin, sous la présidence d'Alain Bauer, le collège a, à l'unanimité, émis les recommandations suivantes : La création d'un métier d'agent de surveillance renforcée (ASR) dédié à des espaces statiques particulièrement exposés et à des risques pouvant être autorisés, dans les mêmes conditions que les transporteurs de fonds, c'est-à-dire armés !
Donc, en quelques mois, M. Bauer a radicalement changé d'avis ; sans parler, comme je l'ai déjà expliqué, du fait que la loi autorise dans certains cas l'armement des agents de sécurité depuis plus de 40 ans, comme c'est le cas des agents qui assurent la sécurité des centrales nucléaires ; ce sont simplement les modalités administratives de mise en place des agents qui n'ont pas été clairement définies en 2015 !
- (Note du Blog) : Les articles L613-5 et R613-3 du Code de la sécurité intérieure dans leur version de 2015 permettaient bien l'armement d'un agent de sécurité privée, et sous compétence exclusive du préfet territorialement compétent. C'est-à-dire que le CNAPS n'avait aucune autorité ni compétence pour la mise en place d'agents de sécurité armés.
Image ci-dessou - Communiqué du CNAPS – ASR
Selon ce journal, vous avez été mis en examen pour « corruption d'agent public » et « trafic d'influence actif ». Qu'en est-il aujourd'hui ?
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Tibor VASS :
Nous ne sommes que des victimes collatérales de l'affaire Gardère, qui s'est déclenchée en 2015 ; nous sommes aujourd'hui en 2020, dans quelques jours 2021.
On essaie de salir l'image de LPN, en me reprochant des faits non matérialisés, en parlant de LPN qui représente 20 lignes dans un dossier de plusieurs milliers de pages.
Malgré cette affaire, nous avons non seulement continué à exercer, mais nous avons même obtenu tous les agréments et toutes les autorisations pour former des agents de sécurité armés.
Juste pour rappel, depuis 2016, le directeur du CNAPS a déjà changé deux fois, et le ministère de l'Intérieur au moins quatre fois. J'invite donc ceux qui insinuent que nous aurions réussi par des moyens détournés à prendre un peu de hauteur.
Mais pour répondre clairement à votre question, oui, j'ai été mis en examen, seulement un mis en examen et donc non coupable, l'affaire, qui traîne en longueur, n'ayant toujours pas été jugée ; et j'aurai beaucoup de choses à dire quand j'arriverai devant les juges !
Selon l'article de Libération, vous auriez été écarté de Charlie Hebdo en septembre 2016 à la demande du ministère de l'Intérieur, probablement en raison de l'enquête judiciaire en cours. Est-ce vrai ? Comment s'est passée cette fin de contrat ? Y a-t-il eu une reprise de personnel ?
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Tibor VASS :
Nous n'étions pas écartés du contrat, mais nous avons été virés comme des malpropres, parce que nous avions osé nous étonner auprès de Charlie Hebdo du recrutement d'un responsable de sécurité, qui devenait donc notre interlocuteur, qui avait été condamné pour harcèlement sexuel ; Monsieur Eric Delbecque, grand ami et protégé de Monsieur Alain Bauer !
« Faites ce que je dis, mais ne faites surtout pas ce que je fais ! » Ce dicton est également valable concernant notre fin de contrat chez Charlie Hebdo. En effet, le 11 septembre, j'ai reçu un appel d'Éric Portheau, celui qui nous a recrutés, qui m'a informé par téléphone que nous devions, avec nos agents, quitter le site immédiatement, et qu'ils avaient dénoncé le contrat.
De 11 heures à 16 heures, nous nous sommes retrouvés sous escorte policière avec nos 15 agents dans la rue et sans aucune explication.
Charlie Hebdo a même refusé que nos agents soient transférés dans la société entrante. Étonnante attitude de la part d'un journal qui prétend défendre des ouvriers, des « petits employés » et des « travailleurs ».
Nous les avons attaqués en justice, nous leur réclamons 4 M€ de dommages et intérêts et de préjudice moral, mais ils ont même osé écrire dans leurs conclusions qu'ils ne comprenaient pas comment LPN pouvait réclamer des préjudices moraux, car LPN est constitué d'anciens militaires et de policiers, et eux n'ont pas le droit au préjudice moral, étant dénués de morale ! C'est abject !
Voilà aussi ce qu'est Charlie Hebdo, c'est pour cette raison que nous avons eu droit à un autre article dans Libération.
À votre avis, pourquoi le journal Libération publie cette affaire le 29 novembre 2020, alors que, dans l'article de presse, aucun élément nouveau n'apporte du crédit ou du discrédit à cette affaire datant de 2016 ?
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Tibor VASS :
La réponse est extrêmement simple.
Premièrement, le général DARY est un des piliers de la Manif pour tous, défendant la valeur de la famille et, quand on sait que Libération a promu la pédocriminalité pendant plus d'une décennie, on comprend que nous ne défendons pas les mêmes valeurs. Tous les moyens sont donc bons pour salir des gens respectables. D'ailleurs, l'antimilitarisme est, aux côtés de la défense des pédophiles, le deuxième pilier sur lequel s'est forgée l'identité de ce journal dans les années 70, même s'il a tenté, depuis, de s'en défendre… Chassez le naturel, il revient toujours au galop !
Deuxièmement, il faut savoir que nous attendons le résultat du jugement contre Charlie Hebdo, que nous aurions dû recevoir le 30 novembre. Et quand on sait que Charlie Hebdo a été hébergé chez Libération juste après l'attentat de 2015, on comprend mieux d'où vient cet acharnement contre moi-même et ma société.
Merci à Tibor Vass d'avoir répondu à mes questions !